C’est l’une des étapes que nous attendions le plus, Detroit, la Mecque de l’exploration. La ville aux 78 000 bâtiments abandonnés selon le NY Times. Contrairement à ce que j’imaginais, Detroit n’est pas en ruine, sombre et ghetto. Elle a été bien nettoyée depuis cinq ans. Les ravages, ils sont dans la vie des gens, dans les histoires que Ed et les autres nous ont racontées, ils sont dans la corruption, les vols, les dégradations. En trois jours, toutes nos idées reçues ont volé en éclat pour peu à peu faire face à la réalité de Motown. Celle d’une ville à laquelle les gens s’attachent mais où explorer peut rimer avec danger…
Brewster fut le premier immeuble construit pour les blacks aux Etats-Unis. Il accueillait les travailleurs d’Henry Ford mais attend aujourd’hui la démolition. C’est depuis son toit que nous découvrons Detroit avant le lever du soleil. Nous sommes avec Ed. Il s’est mis à la photographie il y a trois ans. Depuis, il vient immortaliser la vue de sa ville natale chaque samedi. « I love this city » nous dit-il alors que le soleil se lève sur Downtown. Cette ville au destin brisé se tient en face de nous et c’est presque plus d’émotion que mon cœur ne peut en contenir.
Toute la journée, Ed nous emmène sur les lieux les plus connus de l’exploration à Detroit. Il y a d’abord l’église Curvy aux jolies courbes où a été tourné le film Alex Cross. Pour les besoins du tournage, la nef y avait été transformée en ring de boxe. Les bancs en cascade sont jonchés de vieilles partitions.
Ed attend que nous soyons à l’intérieur pour nous raconter une de ses histoires qui donnent des frissons. Quelques semaines avant, un explorateur s’est fait tabasser et dévaliser ici-même par un homme qui l’attendait à l’intérieur. « C’est le genre de traquenard auquel il faut faire attention ici » déplore-t-il. Lui a déjà dû faire face à des casseurs armés mais s’en est toujours sorti indemne.
Heureusement, car ici, mieux vaut ne peut pas compter sur la police débordée. Elle met souvent des heures à intervenir. « S’ils vous arrive quelque chose, n’appelez pas 911, appelez-moi et je vous conduis à l’hôpital. » Merci Ed !
Difficile à imaginer dans une ville aussi prisée des explorateurs. Il y a tellement de photographes à Detroit qu’on en croise à chaque coin de bâtiment. « Quand ils ont annoncé la démolition de Packard plant, il y avait tellement de voitures devant que les gens venaient déposer des publicités sur les pare-brise. » On ne fait pas exception à la règle.
Nous allons ensuite voir Fisher, une ancienne usine de pièces de voitures prisée des photographes. Les carreaux de couleur qui permettaient de garder la chaleur à l’époque diffusent une superbe lumière verte à travers les étages vides.
Deuxième journée à Detroit. C’est Bob, alias Detroit Unseen, qui nous accompagne en explo. Il veut nous montrer un endroit unique, un endroit que personne n’a encore vu. « Ca va vous couper le souffle » répète-t-il dans la voiture.
Ce temple, il le surveille depuis un an et a pu y pénétrer la veille pour la première fois. Avec enthousiasme, nous contemplons ensemble les fresques de la salle principale. Comparé à tout ce que l’on peut voir à Détroit, celui-là est en parfait état, délaissé depuis un ou deux ans à peine. « Personne ne doit savoir que nous sommes venus ici, sinon il sera bientôt aux mains des pilleurs ou scellé définitivement. » Bob avait raison. Quand David et moi y retournons le lendemain pour le photographier, une équipe est déjà venue reboucher la faille bloquant l’accès. « Ca fait partie du jeu » nous dit Bob. Ce jeu, comme il nomme l’exploration, ne se joue pas ici comme dans les autres villes. Le prédateur à craindre ce n’est pas la police mais ce sont les scrappers, et les dealers.
Le pillage est un phénomène à Detroit dont on a pu constater l’ampleur lors de la visite d’une école secondaire la veille. Abandonnée à la rentrée dernière, il n’y restait déjà plus rien des murs ou des casiers. En moins d’un an, toutes les matières premières avaient été pillées pour être revendues.
Nous, ces crimes, on n’en a presque rien vu, mais ils n’ont fait qu’ajouter au bonheur de découvrir et de filmer cette ville. Les images de tours, de gens, de bâtiments se mêlent aux sirènes de police et récits glaçants. Ce n’est pas faute d’avoir bravé le couvre-feu. Shinda n’écoutant personne court dans la nuit après les vapeurs de la rue.
Detroit fut une étape magique de notre voyage qui continue toujours vers l’ouest. Merci pour tout vos messages, on vous souhaite à tous une bonne rentrée !
This is one of the most expected steps of our trip, Detroit, the Mecca of exploration. The city with 78,000 abandoned buildings, according to the NY Times. Contrary to what I imagined, Detroit isn’t ruins, dark or ghetto. It was well cleaned five years ago. The damages, they are in people’s lifes, in the stories that Ed and the others have told us, they are in corruption, theft. In three days, all our ideas have been shattered to be replaced by the reality of Motown. A city to which people devote themselves but in which explore may rhyme with danger…
Brewster was the first building built for black people in the United States. It housed the Henry Ford’s workers but now awaits demolition. This is from its rooftop that we see Detroit for the first time. Ed takes us here before sunrise. He started with photography three years ago and has been coming here every Saturday since then. « I love this city », he said as the sun rises over Downtown. This city with a broken destiny stands in front of us and it’s more emotion than my heart can hold.
Throughout the day, Ed takes us to the most famous places to explore in Detroit. First, we see the Curvy church where the film Alex Cross was shot. For the purposes of the film, the nave had been transformed into a boxing ring. Ed waits until we are inside to tell us one of his scary stories. A few weeks before, an explorer got beaten and robbed by a man who was waiting inside. « This is the kind of honeyput which you are common here » he regrets. He already had to deal with armed breakers but has always been safe.
Fortunately, because here you cannot count on the overworked police. It often takes hours to respond. « If something happens to you, do not call 911, call me and I will take you to the hospital » Thanks Ed!
Hard to imagine in a city so popular among explorers. There are so many photographers in Detroit that we see them at each corner. « When they announced the demolition of Packard plant, there were so many cars parked in front that people came to flyers the windshields. » We make no exception to the rule.
We then go to see Fisher, a former car factory loved by photographers. The colored glass of its windows used to keep the heat inside the building and spread a beautiful green light through the empty floors.
Second day in Detroit. This is Bob, aka Detroit Unseen, who accompanies today. He wants to show us a unique place, a place that no one has seen yet. « It will blow your mind » he repeats in the car.
His has been watching this temple since a year and was only able to enter the day before. With enthusiasm, we contemplate the beautiful frescoes in the main room. Compared to all that can be seen in Detroit, this one is in perfect condition. « Nobody has to know that we are here, otherwise it will soon be in the hands of scrappers or permanently sealed. » Bob was right. When David and I go back the next day to photograph it, a team has already come reseal the windows blocking the access. « It’s part of the game » says Bob. This game, as he called exploration, isn’t played here like in any other city. The predator to fear is not the police but the scrappers, and dealers.
Looting is a phenomenon in Detroit which we could measure during the visit of a secondary school the day before. After a year, there was nothing left of the walls or lockers. All the raw materials had been looted and resold.
Of all those crimes, we have seen almost nothing, but they only add to the excitement of discovering and filming this city. The images of towers, people, buildings mingle with police sirens and real stories.
Though, we didn’t respect the curfew. Shinda, listening no one, runs at night after the streets steam.
Detroit was a magical step of our trip that continues westwards. Thank you for all your messages, we wish you all a good new start in the year!
La suite , vite… 🙂 !
Ces photos et ces textes nous ont aussi beaucoup émus
On comprend que ses habitants aiment, malgré tout, Detroit
Toujours avec vous dans se périple les amis, prenez soins de vous.
bzz
toujours aussi passionnant !