Le Texas, même Kennedy n’y a pas survécu ! L’idée de se faire tirer dessus aux abords d’un ranch me donnait déjà des sueurs froides avant le départ. Heureusement, on s’est contenté de jouer les cowboys en ville. A Dallas, Jason nous attendait pour compléter sa collection de toits. Car si la ville pleine aux as compte peu de buildings abandonnés, elle a de nombreux hôtels qui sont autant de rooftops à explorer. Loin des bottes de foin, on est allés toucher les étoiles du Lone Star State dans la ville de Bonnie and Clyde.
Depuis le toit de l’immeuble qu’habite Jason en centre ville, la vue sur Dallas est imprenable et j’ai du mal à détacher mes yeux du cheval rouge qui scintille en face de nous. « C’est Pégase, l’emblème de la ville. On pourra aller en haut si vous voulez » dit-il en ouvrant une bouteille Francis Coppola. Jason, derrière une allure de timide, est un intarissable curieux « Je ne m’y connais pas du tout en sport mais je sais dire précisément dire la différence entre deux optiques ou deux lampes de poche ». Il nous montre sa chambre photographique de 20 kilos, à côté de laquelle nos maigres boîtiers numériques ne font pas le poids ! Cela dit, ce sont nos légères caméras qui nous permettront de le suivre en ville dès le lendemain.
Un peu à la manière d’un chercheur d’or, Jason ouvre toutes les portes qui se trouvent sur notre passage dans Downtown. Dans les quelques blocs que l’on écume à pied, il cherche un accès, un parking, une galerie en se fichant pas mal des caméras qui selon lui ne servent qu’à faire peur. Les lieux que David avait repéré à Dallas ont tous été rasés ou restaurés mais l’on peut compter sur Jason pour nous raconter ce que l’on ne voit plus. Faute de bâtiments abandonnés, Dallas est pleine de ces bizarreries architecturales que l’on doit aux hommes d’affaires fantasques. Il y a cet immense globe oculaire qui trône à l’endroit même où fut érigé le premier skyscraper de l’ouest Etats-Unis. Ou notre préférée, ces 70 vaches aux longues cornes taillées démesurément dans le bronze. Leur troupeau vient rappeler la route qu’effectuaient les cowboys le long du Mississipi jusqu’à Chicago où les vaches étaient abattues. Shinda se hisse sur le dos d’une des bêtes pour revivre cette épique chevauchée.
Alors que la nuit est tombée sur Dallas, l’exploration de la ville prend de la hauteur. En matière de bâtiments actifs, les hôtels sont de loin les plus simples à infiltrer. Enfin, pour autant que le dresscode le permette. Mon short troué nous empêche l’accès de la Reunion Tower. « No shorts, no jeans ». Next. On se rend à l’Hyatt moins regardant, dont le toit offre la plus belle vue sur Downtown puis à l’Adolphius qui a de beaux ornements en cuivre invisibles depuis la rue. Nous ne sommes plus qu’à quelques mètres de Pégase qui vole sur la tour voisine. Jason a gardé le meilleur pour la fin. Lorsqu’il est installé en 1934, le cheval est l’emblème de la Magnolia Oil Company. La tour Magnolia devenue hôtel a conservé le cheval, qui depuis est l’emblème de toute la ville. Le pétrole et Dallas ne font qu’un. « Il était censé tourner à nouveau récemment mais je ne sais pas pourquoi, il est toujours immobile » dit Jason en montant les marches de l’hôtel.
On a bien failli ne jamais pouvoir y aller ! Le système électronique exerce une attraction magnétique irrésistible sur la porte. Il est impossible de l’ouvrir. Si l’on a pas la séquence Pégase, notre tournage à Dallas tombe à l’eau, il faut trouver un autre accès ! Jason repère alors une fenêtre vissée sur le côté de l’hôtel et l’on décide de revenir le lendemain avec un tournevis.
On s’approche enfin de Pégase 24 heures plus tard. Le néon nous plonge dans une ambiance très « red light district ». Il a plu toute la journée et le vent souffle sur ses ailes faisant osciller la carcasse de droite à gauche. Par une petite échelle, on vient se hisser au cœur du géant et Jason nous rejoint quelques minutes plus tard le sourire aux lèvres, il n’était jamais venu aussi près.
Dallas, c’était classe, Kennedy ne peut pas en dire autant mais nous on a survécu. J’espère que les montagnes du Colorado seront aussi accueillantes que l’ont été Jason et Maria. On vous souhaite un joli mois d’octobre à tous !
Texas, even Kennedy didn’t survive it! The idea of getting shot around a ranch already gave me bad dreams since we landed in the US. Fortunately, we stuck playing cowboys in town. In Dallas, Jason was waiting for us to complete his collection of rooftops. The rich city may not have a lot of abandoned buildings, but it has many hotels which are as much rooftops to explore. Far from haystacks, we’ve touched the sky of the Lone Star State in the town of Bonnie and Clyde.
From the rooftop of Jason’s flat downtown, the view of Dallas is stunning and I can not take my eyes off the red horse that sparkles in front of us. « This is Pegasus, the emblem of the city. We can go up if you want » he said, opening a bottle of Francis Coppola’s wine. Jason, behind his shy attitude, is an inexhaustible curious guy « I know nothing about sports but I know precisely the difference between two lenses or two flashlights ». He shows us his 20 kilos photographic chamber, next which our meager digital cameras do not hold the challenge! That said, our light cameras allow us to follow him into town the next day.
Like a gold digger, Jason opens all the doors that are on our way to Downtown. Within the few blocks we explore by foot, he seeks everywhere access, parking garage, galleries, not paying attention to the cameras we cross, only made to scare people as he says. The places that David had spotted in Dallas have all been demolished or restored but we can count on Jason to tell us about the invisible and the past. If it lacks abandoned buildings, Dallas is full of these architectural oddities that we owe to capricious businessmen. There is this huge eyeball that sits in the same place where the first skyscraper was built in the western United States. Or our favorite, the 70 longhorn cows sculpted in bronze. Their immoderate herd reminds the cowboys road along the Mississippi to Chicago where the cows were slaughtered. Shinda rides one of the beasts to relive this epic ride.
The night has fallen in Dallas, and our exploration of the city goes higher. In terms of active buildings, hotels are the easiest to sneak in. As far as the dress code allows it. My holey short prevents us from accessing the Reunion Tower. « No shorts, no jeans ». Next. We go to the Hyatt which rooftop offers the best views over Downtown and then to the Adolphius which has beautiful copper ornaments invisible from the street. We are only a few meters from Pegasus which is flying on the tower next to us. Jason has saved the best for the end. When installed in 1934, the horse was the emblem of the Magnolia Oil Company. The Magnolia tower became a hotel but kept the horse, which has become the emblem of the city. Oil and Dallas are one. « It was supposed to turn again recently but I don’t know why, it is always still » said Jason climbing the steps of the hotel.
We almost failed! The electronic system drops an irresistible magnetic pressure on the door which won’t open. If we don’t have Pegasus sequence, our shoot in Dallas falls apart, we need to find another access! Jason then identifies a screw on the side window of the hotel and we decide to return the next day with a screwdriver.
We finally approach Pegasus 24 hours later. The neon light plunges us into a very « red light district » atmosphere. It rained all day and the wind blows on the horse’s wings which swings right to left. A small ladder helps us to climb to the heart of the giant and Jason joined us a few minutes later with a smile on his face, he had never come so close.
Dallas was amazing, Kennedy can not say much but we survived. I hope that the Colorado mountains will be as welcoming as Jason and Maria were. We wish everyone a merry month of October!
Daaaaaaalas ! Ton Nunivers, euh, Pitoya-a-bleuh !
Finalement, ça a été moins thriller que le titre me l’a fait croire. Mais je ne suis pas déçu !
La première photo met de suite l’ambiance, mais elles sont toutes superbes.
Et puis, les toits, les 70 vaches, Jason, Pégase… Pégase qu’on devine, qu’on imagine, mais que vous ne montrez pas, bandes de petits canailloux, va !
C’est pas grave, je pense à vous, je vous aime, et je vous embrasse ( et je vais chercher ce Pégase là sur Gogol).
Un très bon mois d’octobre à vous aussi.
Luc
Ps : David ; recouds ton short.
Désolé pour Pégase, on préfère vous laisser imaginer!
wat geweldig om te lezen en te zien.
het is altijd weer spannend een volgend veslag van jullie belevenissen.
Zal dat missen maar heel fijn je weer hier te zien binnenkort.
otie
Bonjour
Bravo ! Absolument génial. Votre démarche est tellement intelligente et servie par un travail photographique et une écriture de très très très grande qualité. Quel beau voyage.
Je suis d’autant plus touché, qu’auteur – ancien reporter pour Géo, National Geographic, Grands Reportages and co, je travaille actuellement sur la mise en place d’un travail (blog, expo, livre …?) avec le photographe Ulrich Lebeuf, devenu mon ami après plus d’une vingtaine de reportages dans le monde entier. Nous avons juste envie d’associer photos et textes sans contrainte, sans cahier des charges journalistiques … juste pour le plaisir de partager. Et c’est ce que je ressens dans votre travail … vous êtes libres et tellement sensibles.
Peut-être un jour, nos routes se croiseront tellement … on fera alors des photos :-))
Bien à vous
Claude Faber (je dispose d’une Page FB Claude Faber et aussi d’une autre : Chris Kelvin story … j’y livre un feuilleton qui se passe à Dallas et Fort Worth … :-))